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Coopérer avec la nature plutôt que la dominer

Environnement

De la domination à la collaboration

Notre économie s’est trop éloignée de son rôle, de sa mission d’origine. Dans la nouvelle société qui émerge il s’agit de redonner à l’économie son sens premier en améliorant le bien-être de l’ensemble des individus qui composent la société tout en préservant la qualité de nos écosystèmes.

En effet si l’économie libérale prédominante nous a permis d’enrichir l’ensemble des populations du monde, il n’en demeure pas moins qu’elle est profondément mortifère, destructrice de notre environnement naturel, vital. Elle est responsable du réchauffement climatique, de la pollution des sols, de l’eau, de l’air, de l’érosion de la biodiversité, de l’appauvrissement et de la surexploitation des terres.

L’homme ne peut pas vivre sans la nature, répondant à ses besoins primaires d’eau et d’aliments. Nous avons besoin d’elle, nous sommes liés à elle. Après avoir tenté de la dominer depuis l’ère néolithique, il est plus que nécessaire de rééquilibrer nos rapports, de collaborer avec elle dans le respect. La négliger n’est plus viable. Sa prise en compte relève de notre survie, nous ne pouvons attendre.

Cette prise de conscience est de plus en plus significative et témoigne de changements profonds en émergence.

La question de l’environnement ne relève plus uniquement des préoccupations du parti écologiste et la planète toute entière s’engage désormais dans la lutte contre cette menace sans précédent autour de nombreux citoyens, de chefs d’états du monde entier et d’organismes mondiaux. Cette priorité est également considérée comme une aubaine pour relancer l’activité économique.

 

Le développement durable cède sa place

Le développement durable et l’économie verte ont été les principaux axes de réponses aux défis climatique et environnemental.

Le développement durable est défini par l’INSEE comme «un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs» (1).

Quant à l’économie verte, elle est définie comme une économie qui, à long terme, utilise moins ou mieux la ressource énergétique et les matières premières non renouvelables (2).

Même si la notion de développement durable est plus englobante que celle d’économie verte parce qu’elle intègre plusieurs dimensions : économique, sociale et environnementale, les deux approches ont avant tout des objectifs de réduction de gaspillage et de réduction d’utilisation des ressources et non des objectifs de suppressions de gaspillage et de pollution. Elle ne vont donc pas assez loin.

De plus, la problématique d’une économie verte c’est qu’elle peut se développer au détriment de l’environnement et que la satisfaction des besoins d’une population peut se faire au dépens d’une autre.

Gunter Pauli, entrepreneur à l’origine du concept de Blueconomy a fait le constat des effets pervers de l’économie verte vers laquelle il s’était préalablement tourné.

En développant sa formule écologique pour des lessives moins polluantes pour l’eau auprès de gros lessiviers du type Procter & Gamble, Henkel et Unilever, il a pu remarquer les effets que cela pouvait avoir à l’autre bout de la planète. L’Indonésie a dû sacrifier 800.000 hectares de forêt pour suivre le rythme effréné de demande en huile de palme pour ce type de lessive.

Gunter Pauli en a tiré deux conséquences majeures: les produits verts ne sont pas accessibles à tous et tout ce qui est écologique n’est pas forcement positif pour tous. Pour preuve également, les fruits et légumes bio qui traversent la planète pour arriver dans nos assiettes. Il propose de dépasser ce concept à travers la blueconomy (3).

 

La Blueconomy pour une régulation efficiente

L’économie bleue propose de produire en s’inspirant des écosystèmes qui fournissent leur énergie, recyclent les déchets et répondent aux besoins de tous en se régénérant sans cesse. C’est un modèle économique qui incite à utiliser ce qui est localement disponible, qui ne produit pas d’effets secondaires en assurant la compétitivité et l’augmentation de la productivité, tout en créant des emplois.

La couleur bleue vient en opposition au rouge de l’ère industrielle et au vert du développement durable. L’économie bleue s’applique à transposer à l’échelle industrielle les prouesses de la nature. Gunter Pauli résume son approche par la phrase suivante «La nature n’a pas de poubelles», tout déchet produit par un organisme est une ressource pour un autre.

Il paraît davantage pertinent de défendre une économie qui s’inspire de la nature – biomimétisme. Une nature qui créé une multitude de cycles de production sans consommer d’énergies fossiles ni produire de déchets. Une nature qui puise sa créativité dans les contraintes et s’adapte toujours à son environnement. C’est une bibliothèque vivante riche de milliards d’années d’expériences.

Un nombre de plus en plus important d’innovations sont inspirées de la nature : le velcro issu de la plante bardane, le TGV japonais, du bec du martin-pêcheur, les aiguilles des seringues, des moustiques ou encore les systèmes climatiques, des termitières, la purification de l’eau, des mouvements perpétuels des rivières …et bien plus encore (4).

De 2012 à 2014 le secteur a vu naître 2.000 entreprises représentant 50.000 à 60.000 emplois.

Dans la nature tous les déchets ont une utilité et deviennent une richesse, une matière première appelée secondaire. Cette approche ouvre la voie de l’économie circulaire en opposition à l’économie linéaire, qui produit, consomme et jette.

En France, la législation a beaucoup évolué dans le statut du déchet permettant le déploiement de filières de recyclage et d’initiatives dans le domaine de l’économie circulaire comme en témoigne le Plan de réduction et de valorisation des déchets présenté par Ségolène Royal lors de la réunion du conseil national des déchets le 7 novembre 2014 (5).

L’économie circulaire devient un axe stratégique de développement majeur.

 

L’écologie positive pour une croissance ambitieuse

A la différence de l’écologie classique reposant sur l’idée de faire moins de dégâts, l’économie positive va plus loin et propose une approche qui est positive, constructive pour l’environnement et la nature, et pas une approche qui est uniquement sans conséquence pour l’environnement (6). Elle s’inspire totalement de la nature qui régénère depuis 4 milliards d’années. Cette démarche de la blueconomy est également associée à celle dite « du berceau au berceau » par opposition à la démarche classique de l’industrie ou les produits vont du « berceau à la tombe »(7).

William McDonough et Michael Braungart à l’origine du concept ont créé une usine de textile en Suisse dont l’eau qui est rejetée après utilisation pour la teinture est plus propre que lorsqu’elle y est entrée.

De la même manière Mc Donough a été sollicité par le président de Ford il y a quelques années afin de mettre en pratique sa théorie dans un environnement extrêmement pollué : les alentours de l’usine Ford de la Rivière Rouge dans le Michigan, illustre l’exemple de la révolution industrielle.

Il a obtenu de cette nouvelle usine qu’elle contribue à dépolluer l’air et l’eau de son écosystème. Grâce à un toit végétalisé de 42000 m², l’usine a été capable de stocker et de traiter l’eau pluviale où plantes et microbes la purifiaient, avant de la rejeter dans la rivière. De la même manière la terre contaminée a pu être nettoyée en recourant à des plantes et des champignons pour en extraire les toxines. Ce système a coûté 13 millions de dollars, mais a permis d’économiser 48 millions de dollars de traitements des eaux pour se conformer aux normes imposées par le gouvernement.

Cette approche est totalement réaliste et n’en est qu’à ses prémices. La croissance peut être positive tout comme l’est la nature qui croît, l’arbre qui pousse, l’enfant qui grandit…Nous pouvons suivre les lois de la nature…

 

La transition vers les ressources renouvelables

Compte tenu des enjeux environnementaux liés aux énergies fossiles (gaz, charbon, pétrole, ou uranium) polluantes, épuisables et coûteuses et des enjeux sociaux que revêt la pauvreté énergétique qui frappe le Sud; un milliard et demi d’humains dans le monde n’ont pas accès à l’électricité, (soit un sur cinq); il s’agit désormais de se tourner vers des ressources renouvelables, propres, abondantes non polluantes (le soleil, le vent, l’eau) et accessibles à tous.

Cette transition qui commence à se déployer est extrêmement encourageante car elle permettrait d’améliorer la vie de milliards d’êtres humains et d’infléchir la dégradation de l’environnement.

Face à ce défi, partout dans le monde, la société civile joue un rôle majeur en montrant la voie par des milliers de petites révolutions énergétiques locales.

En Inde, un centre d’éducation ouvert à tous enseigne l’ingénierie solaire pour électrifier des villages inaccessibles. Ce programme repose sur un principe simple: les femmes une fois formées s’engagent à enseigner la technique à d’autres femmes dans une chaîne d’apprentissage mutuel. Plus de 200 villageoises ont installé des panneaux photovoltaïques dans plus de 500 villages éclairant environ 11.000 familles. Cette initiative a dépassé les frontières de l’Inde pour toucher l’Asie et l’Afrique.

Au Népal, le manque d’énergies et l’absence de collecte de déchets ont été combiné pour transformer les déchets en biogaz. Cette expérience s’est également étendue en Afrique et en Asie.

En Europe se développe un nombre conséquent d’initiatives citoyennes autour de projets éoliens participatifs où les citoyens investissent directement dans des parcs, afin de gagner en autonomie énergétique. L’Australie, le Royaume-Uni, les États-Unis connaissent ce même phénomène. Les plus avancés sont les danois et les allemands, le Danemark étant le pays Européen qui compte le plus d’éoliennes par habitant et où 20% des besoins énergétiques sont couverts (8).

Parallèlement le solaire est en phase de devenir la grande énergie du 21è siècle.

En France, il s’agit d’une ressource exploitable qui excède 70 fois la consommation électrique du pays, ce qui en fait de loin la première ressource naturelle avec un prix égal ou inférieur aux autres sources d’énergie.

Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres…

La plupart des pays ont engagé leur transition énergétique, leur passage à l’utilisation de ressources renouvelables. Et même si celle-ci ne provient pas des gouvernements, des politiques, du haut, elle émerge du bas, des citoyens eux mêmes qui apportent des solutions nouvelles, marquent leur volonté d’avancer vers un avenir soutenable, viable, respectueux de l’environnement et de la personne.

La transition énergétique gérée par la société civile constitue aujourd’hui le socle d’un modèle mis en avant pour penser l’après-pétrole à une échelle plus générale.

Les États-Unis, la Chine même si leur consommation d’énergie reste conséquente par rapport à l’Europe, ont aussi engagé une transition.

En France, les régions Nord-Pas -de-Calais, Rhône-Alpes, Picardie, Bretagne ont engagé en partie la transition. La région Nord-Pas-de-Calais est l’exemple le plus abouti d’une entrée dans la troisième révolution industrielle visant à une autonomie complète d’ici 2050 à partir du Master plan et des préconisations de Jeremy Rifkin.

La transition est là, a déjà commencé, entre la baisse drastique de la rentabilité des énergies fossiles et l’accroissement de la rentabilité, la baisse des coûts des énergies renouvelables et la progression exponentielle du solaire…

En 2014 l’énergie solaire représente 10 % de l’électricité du monde et devrait en représenter 20 % d’ici 2030 (9).

 

La nécessité d’une décentralisation énergétique

Une des conditions de l’entrée effective dans la transition énergétique est la décentralisation énergétique.

De manière générale ces citoyens engagés s’organisent en coopérative d’habitants pour réaliser des projets d’énergie renouvelable sur leur territoire. Il s’agit aussi bien des projets éoliens intégrant un financement participatif et des décisions collégiales, que des expériences d’autonomie locale combinant plusieurs technologies ou bien encore des réseaux coopératifs d’énergies vertes pour s’approvisionner en énergies renouvelables.

Ce changement d’ère s’accompagnera d’une réorganisation énergétique globale qui passera par le local. L’idée n’est plus de distribuer l’énergie à partir d’un réseau national mais de mettre en place des pôles locaux de production.

La généralisation des réseaux d’énergies renouvelables est source de création d’emplois, Jeremy Rifkin parle de troisième révolution industrielle, car connecté et en réseau, ce modèle d’échange, de transfert d’énergie, engendrera des créations de milliers d’entreprises. Ce nouveau monde est en marche (10).

 

Vers un nouvel environnement

La prise de conscience grandissante et les progrès techniques orientent un nombre de plus en plus important de citoyens, de collectivités, d’États dans la voie de la transition qui est en marche aujourd’hui.

La blueconomy et l’écologie positive sont de nouvelles approches environnementales qui offrent des perspectives extraordinaires d’avancer vers un avenir respectueux, soutenable et enthousiasmant. Nous n’avons plus le choix, nous devons nous orienter vers un nouveau modèle qui cesse de détruire notre terre nourricière et qui prenne en considération notre environnement. L’homme et la nature doivent être les priorités de cette nouvelle orientation qui commence à se dessiner. La transition, la blueconomy et l’écologie positive répondent à cet enjeu.

 

Références


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Aurélie PIET

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