L’entreprise de demain…Un extraordinaire levier de transformation
09/10/2019

Dépasser, transcender le capitalisme pour survivre

 

Certes notre monde n’a jamais été aussi riche, aussi productif, aussi pacifique et en même temps il n’a jamais été aussi fragile et menacé. Nous n’avons jamais connu un tel confort matériel avec de telles avancées scientifiques, technologiques. Nous vivons plus longtemps et globalement en meilleure santé, l’extrême pauvreté s’est réduite, le nombre de victimes par conflits a diminué cependant le climat se réchauffe à grande vitesse, les inégalités s’accroissent, nos ressources sont dévastées et nous vivons une extinction massive des espèces… Pour la première fois de l’histoire, l’homme est à l’origine d’une modification profonde de son environnement (Anthropocène), il se met lui-même en danger, sa propre survie est menacée et nous savons que c’est notre modèle économique industriel, capitaliste qui en est la cause, alors qu’attendons-nous pour en changer, vraiment ?

En effet, c’est un modèle économique, un système économique, une économie (car tous sont intrinsèquement liés) qui considère que nos besoins sont illimités et que nous les satisfaisons par la consommation. Il nous faut donc produire toujours plus pour satisfaire des besoins illimités. C’est ce que l’on nomme la croissance. Il s’agit d’augmenter la production d’une année sur l’autre dans un monde limité d’un point de vue des ressources et de leur capacité à être renouvelées.

Et le moteur de cette économie, ce qui fait tourner ce système c’est l’accumulation de profit, l’accumulation d’argent, l’accumulation de richesse quantitative, matérielle…

Cependant nos besoins sont-ils réellement illimités ? A-t-on besoin de deux maisons, dix voitures ? L’économie ne confond-elle pas la notion d’envie et de besoin ? Et la richesse ne peut-elle être vraiment que quantitative, n’existerait-il pas d’autres formes de richesse ? Une richesse sociale, culturelle, naturelle, environnementale, sociétale vers laquelle nous devrions tendre ?

Dans ce modèle économique, peu importe ce que nous produisons du moment que nous produisons, peu importe comment nous produisons du moment que nous produisons, sans contrainte, sans respect de l’environnement, en extrayant de celui-ci ce dont nous avons besoin, comme bon nous semble ou presque, en polluant… Est-ce vraiment la richesse que nous voulons ? Celle d’une économie extractrice, dégénérative, quantitative et matérialiste qui abîme la planète et met en danger l’humanité ?

Alors faut-il réformer ou détruire le capitalisme ? Il nous faut désormais dépasser, transcender le capitalisme. Il a eu son heure de gloire, sans doute un passage nécessaire dans l’histoire de l’humanité qui tel un adolescent doit expérimenter ses propres limites, l’excès, la liberté sans contrainte, la matérialité, l’ego exacerbé. Car à l’échelle de l’histoire de la Terre, l’homme est encore une jeune espèce. L’humanité doit donc désormais mûrir, s’assagir, elle n’a plus le choix, elle doit passer à l’âge adulte en allant vers des modèles d’évolution plus éthiques, plus pacifiques, plus solidaires, plus raisonnables, plus inclusifs et comprendre enfin que la nature fait partie de nous, et que sans elle nous ne pouvons pas vivre.

Pour que le changement soit profond, au-delà d’un système ou d’un modèle économique qu’il faut modifier, c’est l’économie, la discipline toute entière qui doit être remise en question. Sa définition, ce à quoi elle sert, son rôle, son moteur, ses principes de base. Les enjeux sont tels que l’argent ne doit plus être une fin en soi, nous devons tendre vers un objectif qui redonne du sens, et seule la survie de l’humanité doit aujourd’hui nous animer.

L’économie ne peut plus se contenter d’être une science froide qui observe et qui cherche à modéliser la réalité par des formulations mathématiques toujours plus techniques nous en éloignant et nous éloignant des enjeux majeurs du 21e siècle. Elle doit devenir normative, s’engager, chercher à rendre service aux hommes dans le respect de la nature, chercher ce qui est bien et non ce qui est vrai comme la science le fait, elle doit redevenir un art et se réconcilier, renouer avec l’éthique et la morale comme à son origine.

Elle ne doit plus se contenter de satisfaire nos besoins matériels, elle doit aussi satisfaire nos besoins immatériels en créant une richesse qualitative.

Elle doit proposer de nouveaux axiomes de base où l’homme doit être considéré dans sa multidimension (cf. Edgar Morin) en non uniquement sous son aspect rationnel. La nature doit être appréhendée comme une source de richesse essentielle qu’il faut préserver et dont nous devons extraire uniquement ce dont nous avons besoin dans le respect des équilibres des écosystèmes. Une nature, source d’informations foisonnantes dont nous devons nous inspirer pour produire car dans la nature il n’y a ni déchets, ni chômage (cf. le biomimétisme de Janine Benyus). De plus nos besoins ne doivent pas être hiérarchisés et confondus avec nos envies.

L’économie doit créer une richesse qualitative, changer de paradigme en basculant de la quantité vers la qualité, en mettant le quantitatif au service du qualitatif, en s’appuyant sur une croissance qualitative avec une production qui régénère les environnements, qui ne pollue pas moins mais qui dépollue, l’air, l’eau, la terre, une production qui n’a pas un impact neutre mais qui a un impact positif sur son environnement. C’est donc une économie créative, inspirante, respectueuse de l’homme et de l’environnement qui redonne du sens qui doit désormais voir le jour.

Une économie « Transmoderne » (en opposition à l’économie de la Modernité) à laquelle tous les acteurs peuvent et doivent participer et la bonne nouvelle c’est que certains ont déjà commencé …


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Aurélie PIET

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