L’agroécologie et la permaculture : un nouveau rapport à la nature
De son expérience, Olivier De Schutter confirme l’évolution des prises de conscience et des initiatives citoyennes novatrices.
Face aux effets néfastes de l’agriculture productiviste, il y a une prise de conscience grandissante de vouloir mieux se nourrir dans un respect de la nature et de sa culture qui initie un nouveau rapport de l’homme à la nature. Nous pouvons constater ce retour à la nature avec le développement de l’agroécologie et de la permaculture qu’Olivier De Schutter considère comme l’agriculture du 21è siècle.
Elle n’est pas un retour à une agriculture traditionnelle, elle est une agriculture diversifiée, consciente qu’il est urgent d’avoir une plus grande efficience dans l’utilisation des ressources, de la terre, de l’eau, de la biomasse. Allant plus loin dans la démarche que l’agriculture biologique qui ne prend pas en compte tous les impacts environnementaux et qui peut utiliser une culture de plein champ, en rang avec peu de diversité et beaucoup de mécanisation, l’agroécologie adopte une approche beaucoup plus globale. Tout comme la permaculture, ces méthodes prennent en considération les aspects écologiques de respect de l’environnement et les équilibres naturels dans leur ensemble.
L’agroécologie utilise la nature comme principal facteur de production et vise entre autres à économiser l’eau, à réduire les émissions de gaz à effet de serre avec des techniques de compostage, de complémentarité entre les espèces cultivées. Quant à la permaculture, elle va au-delà de l’aspect agricole en considérant tous les éléments reliés entre eux : la nature, l’humain, l’habitat qui sont interdépendants, s’insérant dans un ensemble global s’inspirant de la nature. Dans cette logique de système de production, l’écosystème génère lui-même les conditions favorables au développement en laissant faire le vivant. Il s’agit de « concevoir des installations humaines harmonieuses, durables, résilientes, économes en travail comme en énergie, à l’instar des écosystèmes naturels».
Dans son rapport, Olivier De Schutter confirme qu’il existe un grand nombre d’études chiffrées qui prouvent que l’agroécologie et la permaculture peuvent nourrir le monde et que l’on peut doubler la production par hectare en s’adaptant au contexte local, aux ressources locales qui diffèrent d’un pays à l’autre, d’une région à l’autre. C’est une science qui ne s’impose pas par le haut, par les technocrates, mais qui se diffuse de proche en proche de manière horizontale.
En France les fermes du futur sont incarnées par celle du Bec-Hellouin (3). Aménagée avec de multiples formes, couleurs, dans un grand foisonnement bien pensé, cette ferme de permaculture s’inspire de la nature, de sa grande diversité et de l’interdépendance qui existe dans les écosystèmes. Chaque élément profite aux autres et se nourrit de l’ensemble. C’est un modèle circulaire qui ne produit pas de déchets. L’objectif est de reproduire le fonctionnement de la nature qui depuis des millions d’années évolue sans pétrole, sans travail du sol et sans machine, tout en produisant une abondance de vie même dans des milieux pauvres en nutriment. Ces principes utilisent à la fois les meilleures pratiques utilisées par les paysans depuis des siècles partout dans le monde (cultures sur buttes, compostage, place de l’arbre, complémentarité entre les variétés….) mais également toutes les connaissances actuelles des sciences du vivant.