Aujourd’hui la politique est en crise comme en témoignent entre autres ses difficultés à répondre aux besoins des citoyens, à combattre les inégalités grandissantes, à endiguer le réchauffement climatique, principaux enjeux actuels de notre société. Mais également comme nous le signalent l’augmentation du taux d’abstentionnisme et la montée en puissance de l’extrémisme.
Le citoyen a aujourd’hui le sentiment que la politique ne répond plus à ses attentes, que seuls des intérêts personnels, électoraux, de surcroît manipulés par des lobbies, prédominent au détriment de l’intérêt général. Qu’il n’y a plus d’alternatives, que tous ces énarques qu’ils soient d’un parti ou de l’autre sont les mêmes et que les choses ne changent pas. Alors pour les plus consciencieux, ils votent mais, par défaut. Et pour les plus désabusés, ils s’abstiennent.
Il devient assez clair pour le citoyen que l’économie et la finance prédominent, que ce sont eux qui payent les effets d’une crise dont la finance est largement responsable. Que l’humain ne semble plus être au centre des préoccupations.
Le peuple et l’élite sont désormais déconnectés. A un peuple du bas qui fonctionne désormais en réseau, s’oppose un Etat centralisé, avec une organisation verticale très hiérarchisée et très administrée en haut, qui ne va plus assez vite et qui ne fait pas assez bien dans un nouveau monde digital, interdépendant, mondialisé. Et évoluant de manière consubstantielle avec les grandes entreprises industrielles quinquagénaires du CAC 4O.
Nos politiques doivent donc avoir le courage de s’engager vers une transition en faisant de leur territoire un modèle de gouvernance en associant tous les citoyens et en replaçant le citoyen au cœur du projet politique du mieux-être et de qualité de vie.
Pour cela, les politiques doivent prendre conscience que la société est en phase de transition et qu’une nouvelle société est en marche. Une nouvelle société où émerge un grand nombre d’alternatives venant de la base citoyenne. Elles se détachent des valeurs néolibérales pour se tourner vers des formes plus solidaires de vie, de travail, d’habitat, de consommation, qu’il faut impérativement accompagner, mobiliser afin de converger vers une responsabilité collective.
Car de plus en plus éduqués et informés, les citoyens ne veulent plus laisser les élites décider seules. Il ne faut pas ignorer ce profond besoin de rénovation. Il faut impérativement entendre ces citoyens qui désirent de plus en plus tenir une place dans la vie publique afin d’éviter cette crise de représentativité propice à la montée des extrémismes.
Il faut donc avant tout, redéfinir les priorités autour de l’homme et de la nature, réorienter la politique vers une logique du mieux-vivre et adopter une vision beaucoup plus globale et longue termiste dans un environnement complexe qui ne laisse pas le temps à la réflexion profonde et la prise de recul pourtant indispensables aux prises de décisions stratégiques.
Il faut intégrer une approche transversale, transdisciplinaire, humaniste et enthousiasmante. Nous ne pouvons plus raisonner de manière linéaire et cloisonnée. Il faut étudier les signaux faibles de la société traduisant les mouvements lents mais profonds des courants de cette société.
Comprendre que les solutions sont multiples, adaptées à chaque environnement, en tenant compte de l’histoire passée, des expériences, des cultures et des atouts d’un territoire sans s’attacher à un dogme général, le même prévalent pour tous. Accepter la différence, les différences.
L’État doit se reformer en profondeur. La dynamique d’innovation viendra d’en-bas, du terrain, de la base beaucoup plus souple, plus novatrice que l’État et les multinationales.
Les enjeux politiques deviennent donc locaux en offrant des perspectives et de l’espoir.
Un nouveau modèle de co-gouvernance permettrait de recentrer les priorités, d’améliorer l’efficacité des dépenses publiques et la transparence de gestion.
D’autant plus que les solutions qu’offre la société civile sont souvent plus efficaces, plus économes et répondent mieux aux attentes des citoyens.
Cette nouvelle démarche permettra d’être plus proche de la population, de répondre mieux à ses besoins et ses exigences et de supprimer ou du moins diminuer l’influence des lobbies économiques. Par ailleurs cette démarche permettra d’éviter la crise de légitimité que connaît aujourd’hui le politique
Il s’agit donc pour le politique désormais d’accompagner, d’aider à faire. Il doit apporter une vision d’ensemble sur les différentes initiatives prises, coordonner et articuler.
L’enjeu politique d’aujourd’hui dans un contexte de mondialisation est de favoriser la réappropriation du local, de l’environnement et de l’humain.
Le politique doit changer, changer de vision, de grille de lecture, comprendre que le monde change, se recentrer sur les valeurs fondamentales humanistes , travailler en co-gouvernance avec le citoyen en innovant localement.